mercredi 15 avril 2009

Van Dongen, un fauve à Montréal

En ce moment, au Musée des Beaux-arts de Montréal se tient une rétrospective exceptionnelle de Kees Van Dongen (1877-1968).

Il y a d’abord eu cette exposition du Salon d’Automne de 1905, où un petit groupe d’artistes sous l’influence de Matisse va faire scandale. De ce scandale va naître un mouvement artistique composé de grands noms: Matisse donc, mais aussi Vlaminck, Rouault, Dufy, Braque et... Cornelis Théodorus Marie van Dongen, plus simplement appelé Kees Van Dongen. Ces artistes se distinguent par des formes simplifiées, accentuées et qui semblent presque improvisées. Des couleurs tout à la fois pures, violentes et insignifiantes: « Quand je mets un vert, ça ne veut pas dire de l'herbe; quand je mets un bleu, ça ne veut pas dire le ciel. » dit Matisse. Il se dégage une agressivité qui coupe court à la légèreté de l’impressionisme et qui va mener les critiques de l’époque à traiter ces jeunes artistes de fous, de pervers dangereux, ou bien même de “fauves”! D’où ce fameux courant pictural qu’est le “fauvisme”. Mais l’insulte de “fauve” n’a pas été choisie par hasard (ça n’aurait pas pu être le mouvement des “connaristes” ou des “enfoiristes”...) Ce mot d’origine germanique signifie “le rouge vif”, une couleur dominante chez Van Dongen aux yeux des détracteurs de l’époque et des admirateurs d’aujourd’hui !

L’exposition commence par un Autoportrait en bleu de Van Dongen. L’unique source de lumière dans ce tableau se trouve derrière l’artiste, par une fenêtre ouverte de laquelle dépassent des mâts de bateaux. Comme un contre-jour en photographie, la silhouette n’est alors que peu distincte mais pourtant bien robuste; trop robuste pour un jeune-homme de dix-huit ans. Une subtile représentation de l’artiste qui se veut aventurier et qui ne se laisse dominer que par la lumière : ses idées, sa violence d’esprit! Ce sont ses idéaux anarchistes qui vont déchainer un peu plus tard les couleurs de Von Dongen. Il faut tout renverser pour s’épanouir. Mais c’est pourtant dans l’obscurité des quartiers malfamés de Rotterdam que Van Dongen va d’abord puiser son inspiration: Ces bordels où se mêlent prostituées colorées qui contrastent avec des clients de noir vêtu. Décors tout à la fois amusant avec leurs allures et postures de l’époque, mais aussi émouvants et tristes avec ces visages toujours cachés où l’on distingue à peine leur gène amusée...

Ce n’est que dans la deuxième salle que le fauve est lâché! Le Van Dongen aux couleurs éclatantes, où l’empreinte de Matisse est parfois très clairement inscrite. Ce sont pour la plupart des portraits au regard concentré qui dégagent une expression aussi profonde que joyeuse. C’est coloré, animé, révolté, ca nous bouscule, on en ressort enchanté, vous allez adorez!

On regrettera peut-être que l’exposition soit si courte et ne soit pas située dans le bâtiment moderne du Musée des Beaux-arts de Montréal mais dans l’ancien bâtiment d’en face. La salle obscure et l’éclairage agressif en rajoute parfois un peu trop dans ces tableaux déjà surchargé de couleurs vives. Un conseil; se tenir parfois sur les cotés et non en face des tableaux pour ne pas percevoir les reflets de la lumière.

Après Andy Warhol, c’est une nouvelle belle exposition que nous offre le MBAM, à ne surtout pas manquer!


VON DONGEN – Un Fauve en Ville, du 22 janvier au 19 avril.
Musée des Beaux-arts de Montréal, http://www.mmfa.qc.ca/
Tarif étudiant: 7,50$
Ouverture tous les jours sauf le lundi, de 11h à 17h.


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